top of page

La poussière sous le tapis

TRIBUNE / JANVIER 2024


À l’été 2019, la ville de Courbevoie a été escroquée d’environ 2 millions d’euros. La somme devait être payée à la société Eiffage pour le marché public du nouveau parking et de la halle de Charras ; elle a été détournée par des escrocs qui ont déjoué les contrôles de la mairie et du trésorier municipal. Le dernier conseil municipal a abordé la gestion de l’affaire.


Trois procédures judiciaires sont en cours : une action pénale contre les escrocs, bien que peu d’espoir soit placé dans le recouvrement des fonds ; au tribunal administratif, avec Eiffage réclamant 2 millions d’euros non payés ; et contre le Trésor public à un stade non précisé et très préliminaire. La mairie a choisi de régler à l’amiable avec Eiffage avant le jugement, acceptant de payer ces 2 millions d’euros avec une réduction de 20 % proposée par Eiffage. Cette résolution coûte cher à la ville, qui doit également s’acquitter d’intérêts de retard, de révisions et de pénalités, résultant d’une stratégie risquée. Au final, plus de3,3 millions d’euros seront payés à Eiffage, soit un dépassement de plus de 15 % du marché initial, qui s’ajoutent à tous les autres. Eiffage doit être payée.


Cependant, quatre ans plus tard, la facture est salée pour les contribuables et la gestion du dossier par la mairie de Courbevoie soulève des questions. Les faits ne sont pas clairs, avec plusieurs versions orales contradictoires de la mairie. Initialement, la ville était vue comme victime, avec des responsabilités potentielles chez Eiffage ou le trésorier municipal.


Aujourd’hui, la ville admet sa responsabilité, exonérant Eiffage sans explication. Les quatre années écoulées depuis 2019 auraient dû permettre de clarifier les responsabilités. L’attention se porte donc sur la gestion du maire, vieux routier de la politique qui laisse ses adjoints en première ligne sans s’impliquer directement. Dans un contexte de fraudes et de cyberattaques croissantes, l’absence de réponses sur les mesures correctives prises après la découverte de cette faille est inquiétante.


Il est également question de savoir pourquoi les escrocs ont ciblé Courbevoie et le chantier Charras, et quelles sont les mesures de contrôle supplémentaires. L’opacité de la gestion du maire suscite des doutes. Le report du règlement du litige à fin 2023 a permis au maire et à sa majorité d’éviter d’en discuter lors des dernières élections municipales et autres scrutins depuis 2019. Les contribuables réalisent maintenant à quoi a servi la hausse d’impôt qu’ils ont payée cet automne.

bottom of page